L’ÉPILEPSIE ET VOUS

L’épilepsie est la 2e maladie neurologique chronique la plus fréquente derrière la migraine. Elle touche 50 millions de personnes dans le monde. Jusqu’à 10 % de la population mondiale est susceptible d’avoir une crise au cours de la vie. En France, près de 700 000 personnes souffrent d’épilepsie, soit 1 % de la population

L’ÉPILEPSIE ET VOUS

L’emploi

Il n’est facile pour personne de trouver un emploi (70 % des diplômés de l’université mettent 6 mois).

Les personnes épileptiques rencontrent des difficultés particulières dans la recherche d’un emploi ; celles-ci varient selon le type d’emploi, la nature des manifestations épileptiques… et l’attitude du futur employeur.

Le travail, dans la mesure où il renforce la vigilance, possède une action anticrise dans la vie quotidienne de la personne épileptique et permet de mener une « vie normale ». 70% des personnes épileptiques arrivent à s’insérer dans le monde du travail grâce à une qualification. C’est nettement plus difficile sans.

Quel emploi choisir ?

Comme pour n’importe quelle personne, l’emploi doit être recherché en fonction de ses qualifications professionnelles, de ses aptitudes et de ses goûts.

Mais il est également essentiel d’avoir une vision réaliste de son épilepsie : est-elle contrôlée ? Existe-t-il un symptôme prévenant de l’arrivée d’une crise ? En définitive, il faut bien connaître ses possibilités et ses limites et ne pas rechercher l’emploi qui présente trop de risques pour soi ou pour les autres : tout métier qui mettrait en danger sa vie ou celle des autres est à déconseiller ou à exclure.

Il faut savoir que des règlements administratifs ferment actuellement encore l’accès à certaines professions ou peuvent, sans qu’il y ait d’exclusion systématique, empêcher la titularisation dans la fonction publique ou les carrières assimilées. (Métiers concernant la petite enfance, SNCF, Aviation civile, Plongeurs professionnels, Police Nationale, Marine, Rayonnement Ionisants, Conduite de véhicules lourds).

Que dire à l’employeur ?

Il ne faut pas oublier que l’employeur est responsable civilement et pénalement des conditions de travail et de sécurité de son personnel. Un accident de travail peut entraîner des poursuites à l’encontre de l’employeur s’il est établi qu’il est coupable de négligence ou de faute.

Lors de l’entretien avec le futur employeur ou son représentant, il n’est donc pas nécessaire que le candidat à l’emploi parle de son épilepsie s’il a la conviction que celle-ci ne présente ni gêne ni danger dans l’accomplissement du travail. En effet, certains employeurs donneront systématiquement la préférence au candidat dont l’état de santé n’est source pour eux d’aucune inquiétude.

L’employeur ne peut attribuer d’emploi sans que l’aptitude du salarié à exercer cet emploi n’ait été préalablement vérifiée par le médecin du travail à l’occasion de la visite médicale d’embauche.

En revanche, la visite médicale d’embauche est l’occasion de s’entretenir de son épilepsie avec le médecin du travail. C’est le médecin du travail qui décidera en toute conscience s’il peut accorder ou s’il doit refuser l’aptitude pour l’emploi considéré. Le médecin du travail étant tenu, comme tous les médecins, au respect du secret professionnel, il ne fera pas connaître à l’employeur les troubles dont souffre le salarié. Si vous le souhaitez, le médecin du travail et votre médecin traitant peuvent communiquer en échangeant des courriers non cachetés par votre intermédiaire.

Dans certains cas, il peut être préférable que l’employeur et les proches collègues du nouveau salarié, soient prévenus des troubles qui risquent d’apparaître ; c’est à la personne épileptique de décider si elle souhaite procéder à cette information, et du moment opportun pour le faire : il n’est pas facile de dire que l’on est épileptique mais on peut surmonter cette difficulté en prévoyant bien l’entretien et en sachant exactement ce que l’on peut et doit dire.

A cette occasion, le médecin du travail, comme le médecin traitant peut apporter un concours efficace au salarié si celui-ci le souhaite.

Enfin, l’employeur peut croire que l’épilepsie impliquera des absences fréquentes, des perturbations dans le rythme du travail. Il est bon dans ce cas de s’entendre avec lui sur une période d’essai lui permettant de s’assurer qu’il n’en est rien.

Informé de l’épilepsie de son nouveau salarié, l’employeur peut également craindre que des accidents du travail plus nombreux ne provoquent une augmentation de ses charges ; cette crainte n’est pas fondée :

  • D’une part, les personnes épileptiques n’ont pas plus d’accidents que les autres ;
  • D’autre part, les accidents liés à une maladie antérieure à l’embauche et qui ne sont pas directement causés par le travail doivent être pris en compte comme maladie et non comme accident.

Relations avec les collègues de travail

Sur ce point encore, il faut agir avec réalisme : exagérer l’importance des troubles liés à l’épilepsie augmenterait l’anxiété de tous, mais il ne faut pas non plus sous-estimer ce qui peut se produire.

Les collègues de travail souhaiteront sans doute savoir quand et comment peuvent se manifester les crises et ce qu’ils auront à faire, et surtout à ne pas faire dans un tel cas (cf. fiche conduite à tenir devant une crise).

Le travail protégé pour les travailleurs handicapés

La Reconnaissance de la qualité de Travailleur Handicapé (R.T.H.) peut être sollicitée par ceux qui, pour des raisons de santé, rencontrent des difficultés d’insertion dans la vie professionnelle ordinaire. Cette démarche n’est jamais obligatoire et la R.T.H , dans la nouvelle législation, se demande à la Maison Départementale des Personnes Handicapées, à la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (regroupant les anciennes CDES et COTOREP).

Mais si la RTH est acquise, elle peut ne pas être mentionnée lors de la recherche d’un emploi, dans la mesure où l’état de santé du candidat et les caractéristiques du poste de travail proposé ne l’exigent pas forcément.

Il convient cependant de savoir que les entreprises de plus de 20 salariés sont tenues d’employer 6% au moins de travailleurs handicapés (loi n°87 517 du 10.07.1987) ; sinon elles doivent verser une contribution à l’A.G.E.F.I.P.H. (Association nationale de Gestion du Fond pour l’Insertion Professionnelle des Handicapés).

La R.T.H. permet d’accéder aux Entreprises Adaptées (EA), anciens CAT et Ateliers protégés, aux Services d’Aide par le Travail (ESAT), et aux Centres de Distribution de Travail Domicile (CDTD) dans les conditions déterminées par la Commission.

Cet accès est réservé aux personnes dont l’état de santé ne permet pas une insertion sans précaution particulière dans le monde du travail ; elle passe par les organismes d’insertion spécialisés.

Dans certaines régions se mettent en place des consultations médico-psychologiques d’évaluation des aptitudes professionnelles des personnes épileptiques ayant la RTH. Ces consultations ont pour but d’évaluer la qualité de la prise en charge médicale de l’épilepsie, de dépister des handicaps associés pas toujours reconnus et souvent non pris en charge (notamment sur le plan neuropsychologique et sur le plan psychique) et de fournir aux opérateurs d’insertion les indications utiles à la préparation d’un projet professionnel adapté. (Service réalisé depuis 2003 avec Epi-Emploi Ile de France et porté par notre Association).

Les MDPH devront aider (comme le faisaient les COTOREP) les personnes handicapées à évaluer leurs besoins en formation professionnelle. Ceci peut conduire à des stages de mise à niveau ou de formation.

Dans ce domaine, I’A.G.E.F.I.P.H. a passé une convention avec l’A.F.P.A. (Association nationale pour la Formation professionnelle des Adultes) et les organismes spécialisés d’insertion.

… en fin de compte

La personne épileptique doit examiner avec réalisme et en toute sincérité, le type d’emploi qu’elle peut solliciter face à une offre d’emploi et en considération de son cas personnel ; elle doit décider si la R.Q.T.H. peut présenter plutôt des avantages ou plutôt des inconvénients.

La personne épileptique peut être aidée dans cette réflexion par son médecin traitant, par la CDAPH et par les associations comme Epilepsie-France.

Si, comme tant d’autres, dans une conjoncture économique défavorable, la personne épileptique ne trouve pas d’emploi, elle ne doit cependant pas demeurer inoccupée ; il lui faudra impérativement trouver des alternatives à un emploi stable à plein temps ; la solution peut être un emploi à temps partiel, un travail temporaire, le bénévolat ou encore la reprise d’études ou de formations.

Elle ne doit surtout pas rester inactive et s’isoler.

Webinaire "épilepsie et emploi"

Dans le cadre de son plan d’actions 2021-2022 « Cap vers le 2e Sommet National de l’Épilepsie », l’association Épilepsie-France organise un cycle de conférences sur des thématiques-clés pour les patients.

Thème 1️⃣ : Emploi
Le 13/11/2021 à Lyon (Institut des Épilepsies – IDÉE)

Avec la participation de :
👤 Pr Sylvain Rheims, chef du service de neurologie fonctionnelle et épileptologie (Hospices Civils de Lyon) et Directeur général de l’Institut des Épilepsies (IDÉE)
👤 Dr Sébastien Boulogne, neurologue au sein du service de neurologie fonctionnelle et épileptologie
(Hospices Civils de Lyon) – Consultation épilepsie et travail, responsable du programme d’éducation
thérapeutique
👤 Dr Adrien Didelot, chef du service de neurologie (Centre Hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc à Lyon) – Consultation épilepsie et travail
👤 Patients témoins : Charlotte, Laurène, Sébastien
👤 Francine Plaussu, membre de la délégation Épilepsie-France Isère et médecin du travail en retraite
👤 Christophe Lucas, Président de l’association nationale de patients Épilepsie-France et parent

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